Interactive media designer, Yohan Nieto est un véritable touche-à-tout : outre la photographie, sa passion – il travaille en argentique ! –, il utilise aussi bien la vidéo que le webdesign, le graphisme ou le motion design. Depuis 2017, il a mis ses talents multiples au service du webzine Pop up Mag qu’il a co-créé. Durant ses trois ans et demi d’existence, cette publication s’est employée à faire connaître les talents de Suisse romande dans tous les domaines, du vêtement à l’illustration en passant par les cosmétiques ou le tatouage. Devenu une association bénévole, ce projet étudiant a mis en lumière plus de 90 artistes de la région grâce à des articles, des vidéos et des événements, comme les deux éditions du festival In SituI.

Faire vivre les créateurs peut changer notre façon de consommer

INTERVIEW YOHAN NIETTO

Yohan Nieto, d’où cette envie de mettre en avant les créateurs locaux vous est-elle venue ?

Yohan Nieto : Elle s’inscrit dans un mouvement plus large qui consiste à ralentir le rythme pour retrouver une certaine authenticité et consommer local. On connaît surtout l’aspect gastronomique de ce mouvement, le slow food, mais cela peut s’appliquer à tous les domaines. De mon côté, je travaille avec de l’argentique, on peut dire que je pratique la slow photography ! Nous avons lancé Pop up Mag pour faire connaître tous ces artistes et artisans qui, dans toute la Suisse romande, font un travail exceptionnel.

Dans le cas qui nous intéresse, vous prôneriez la slow création et la slow consommation…

YN : Oui, créer ou préserver des emplois dans la région, c’est aussi proposer une alternative à la consommation de masse. Aujourd’hui, les entreprises font tourner le monde ; il est possible que changer d’échelle et faire vivre les artisans locaux puisse faire évoluer les choses, à terme…

La période du confinement vous a-t-elle amené à revoir votre lien à l’espace ?

YN : J’ai appris à me débrouiller avec peu. Comme je suis encore chez mes parents, j’ai vécu dans les 12 m2 de ma chambre, car je limitais les contacts avec eux pour leur faire prendre un minimum de risques. Cela m’a rappelé le Japon, où j’ai séjourné : l’espace y est vraiment compté. Dans ce cas, on a deux solutions : on peut assigner une fonction à chaque portion du lieu, même minuscule, ou ne lui en assigner aucune et partir du principe que tout est mobile. C’est ce que font traditionnellement les Japonais : le matin, ils roulent leur futon, le rangent dans une armoire et la chambre à coucher se transforme en salle à manger ou en bureau, en fonction des besoins du moment.