Designer industriel, Alexis Tourron s’est formé au Danemark et en France avant d’obtenir son master en design pour le luxe et l’artisanat de l’ECAL à Lausanne. Il a cofondé, avec Stefano Panterotto, le studio lausannois Panter & Tourron, l’un des plus innovants et prometteurs du moment. « Tense », un de leurs projets — actuellement en cours d’édition —, a reçu un Dezeen Award en 2019.

INTERVIEW ALEXIS TOURRON

Alexis Tourron, qu’est-ce que la période du confinement a changé pour vous ?

Alexis Tourron : Professionnellement, au studio, nous sommes tous passés en télétravail et beaucoup de gros projets ont été suspendus. Nous avons profité de ce temps libre pour nous questionner sur les nouveaux modes de vie que ces changements vont engendrer — nous serons de plus en plus nombreux à travailler depuis chez nous ou en coworking.

Comment le télétravail influence-t-il notre manière d’habiter l’espace ?

AT : Nos intérieurs sont de plus en plus petits, mais on y fait de plus en plus de choses. L’agencement des habitations et la séparation des espaces vont changer. Il y aura moins de murs, nos intérieurs seront plus modulables et s’adapteront à notre évolution. Tout cela nous a amenés à inventer des microarchitectures isolantes très mobiles.

Préserver l’environnement est dans l’air du temps, comment intégrez-vous ce paramètre lorsque vous concevez un meuble ou un objet ?

AT : Imaginer des objets durables et réparables fait partie de l’ADN de notre bureau. Dans notre société, que ce soit parce que nous sommes appelés à bouger ou parce que nous disposons d’un espace restreint, nous avons besoin de pouvoir les démonter, les ranger et les transporter facilement — ce qui est compliqué avec les meubles qui existent actuellement.

Précisément, la série Tense, qui vous a valu un Dezeen Award, répond exactement à ces critères…

AT : Absolument. Elle est entièrement réalisée en tissu et métal plié — nous avons notamment utilisé du Tyvek, un matériau résistant, léger et recyclable. Nous avions envie de proposer des pièces écologiques, accessibles, que l’on pourrait produire localement — il faut savoir que dans le domaine de l’ameublement, l’une des principales sources de pollution est le transport. La lampe vient de sortir chez les Danois New Works et la marque italienne Cappellini éditera les quatre autres objets qui composent cette série.